Impact de l'exposition des jeunes aux écrans

Publié le 02 mai 2024

La commission d'experts chargée de rédiger un rapport sur l'usage des écrans chez les enfants a remis ses conclusions au président de la République le 30 avril 2024. Dans ce document intitulé "À la recherche du temps perdu", les dix membres du collège de spécialistes s'inquiètent des conséquences de la surexposition aux écrans en termes de santé et de développement pour les enfants et émettent 29 propositions directrices déclinées en mesures plus opérationnelles.

La commission dresse dans un premier temps un ensemble de constats concernant l'usage des écrans :

  • les enfants, à l'image de leurs parents, sont très largement exposés (avec 10 écrans en moyenne par foyer) et de plus en plus jeunes ;
  • un consensus scientifique net se dégage sur les conséquences néfastes de l’utilisation des écrans, qui contribue en particulier, directement ou indirectement, selon une relation dose-effet, aux déficits de sommeil, à la sédentarité et au manque d’activité physique, à l’obésité et à l’ensemble des pathologies chroniques qui en découlent, ainsi qu'à des problèmes de vue ;
  • les conséquences des écrans sur le neurodéveloppement des enfants et des adolescents nécessitent encore d'être approfondies, même si les données disponibles incitent à aller vers une régulation des usages ;
  • la notion "d’addiction aux écrans" en tant que telle n’est pas encore reconnue par la science, mais les "écrans", et en particulier l’utilisation des réseaux sociaux, semblent être, au-delà des bénéfices qu’ils peuvent apporter, des facteurs de risques supplémentaires lorsqu’il y a une vulnérabilité préexistante chez un enfant ou un adolescent ;
  • l’accès non maitrisé des enfants aux écrans et l’insuffisante régulation des contenus auxquels les mineurs peuvent être exposés, en matière de pornographie et d’extrême violence, font peser un risque élevé sur leur équilibre, voire parfois leur sécurité, a fortiori si le dialogue avec les adultes n’est que peu construit.

La Commission émet 29 propositions, qui doivent faire système, et qui sont structurées autour de six axes :

  • s’attaquer, pour les interdire, aux conceptions addictogènes et enfermantes de certains services numériques afin de redonner du choix aux jeunes ;
  • protéger plutôt que contrôler les enfants ;
  • assumer et organiser une progression des usages des écrans et du numérique chez les enfants en fonction de leur âge ;
  • préparer sérieusement les jeunes à leur autonomie sur les écrans, leur donner le pouvoir d’agir et, dans le même temps, redonner toute leur place aux enfants et aux jeunes dans la vie collective ;
  • mieux outiller, mieux former au numérique et mieux accompagner les parents, les enseignants, les éducateurs et tous ceux qui interviennent auprès des enfants, tout en organisant une société qui remet l’écran et le numérique à sa juste place ;
  • mettre en place un dispositif ambitieux de gouvernance permettant à la puissance publique de définir une véritable stratégie, de disposer de capacités de pilotage, de pouvoir mieux soutenir les acteurs qui interviennent auprès des jeunes et des familles, et d’informer les citoyens.

Parmi les mesures préconisées, les experts recommandent notamment de :

  • lutter contre les services addictifs ;
  • empêcher l'exposition des enfants de moins de 3 ans aux écrans ;
  • ne pas confier de téléphone portable aux enfants de moins de 11 ans, puis leur confier un appareil sans internet jusqu'à 13 ans ;
  • autoriser l'accès aux réseaux sociaux sur des réseaux "éthiques" à partir de 15 ans ;
  • éduquer sur les enjeux de santé liés aux écrans (sommeil, sédentarité, vue) ;
  • lutter contre les contenus violents, haineux, sexistes, pornographiques et orientés par une éducation au vivre ensemble ;
  • encadrer l'usage des écrans dans la scolarité : la Commission recommande de ne plus utiliser l'ENT pour les enfants du primaire, afin de réserver ces espaces aux échanges entre enseignants et parents d'élèves. Concernant le second degré, les experts recommandent de lutter contre toutes les pratiques défavorables aux élèves dans l'usage des ENT et de Pronote et proposent par exemple de désactiver les notifications entre 19h et 7h30 le lendemain matin. Elle préconise également d'engager un état des lieux de la place du numérique dans la stratégie pédagogique et éducative actuelle et de réaliser des études d'impact de chaque ressource numérique avant de la généraliser.

>> Consultez le rapport Enfants et écrans, à la recherche du temps perdu (avril 2023).

 

Source : Elysée